janvier 1593.                        3a5
des Estats, qui se devoit faire ce jour, fust remise au lendemain.
Le mardi 26 janvier, l'ouverture des Estats estant faite, le duc de Maienne y harangue (0, et parle si bas que les deux tiers ne l'entendent point : et en parlant change souvent de couleur. Dont au sortir madame de Maienne sa femme lui dit qu'elle avoit eu peur qu'il ne se trouvast mal, pour ce qu'en faisant sa harangue elle l'avoit veu paslir trois ou quatre fois.
Le cardinal Pellevé (») harangua pour le roy d'Hes-pagne et pour le légat, d'autant qu'il avoit esté arresté que, comme estranger, il n'assisteroife point aux Estats. Entre les autres points notables de sa harangue, il dit que saint Pol estoit gentilhomme, alleguant le texte Civis romanus sum ego. A quoi quelcun qui se ren-v contra là dit si haut que les petits Estats l'entendirent, qu'il eust fait là grand besoin à nos Estats pour la noblesse : car il n'y en avoit gueres. Ung des plus ap­parans estoit Vienne, qui encores y comparust eu beste, aiant un manteau fourré de loups.
Ceste nuit de mardi il fist à Paris grand orage, avec esclairs et vents impetueux.
Le jeudi vingt-huitième de ce mois, un trompette du Roy nommé Thomas Lhomme arriva à Paris, et apporta lettres de la part de messieurs du tiers Estat ct du clergé de Chartres, pour interpeller le duc de Maienne, suivant sa declaration, d'adviser d'un lieu non suspect entre Paris et Saint Denis, où, sous la permission du Roy, ils adviseroient des moiens les
(0 Le duc de Maienne y harangue : On croit que la harangue du duc de Mayenne avoit été faite par Pierre d'Espinay, archevèque de Lyon. — (-) Le cardinal Pellevé : Il étoit président de l'ordre du clergé.
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